Toulouse : avril 2025

Fabrice : Grand Reporter à TF1

Fabrice, grand reporter à TF1 nous explique le quotidien de son travail à la rédaction de la première chaîne d’Europe. Parfois, il se retrouve au bout du monde…
 

Au coeur de l'actualité de guerre

Nous sommes le 8 octobre 2023, dans un des kibboutz situé au nord de la bande de Gaza, en Israël, qui fut attaqué par le Hamas la veille. De nombreux morts, des scènes de pillages, de viols et d’horreurs plus abominables les unes que les autres y ont été perpétrées. L’équipe est là, au milieu de toutes ces ruines encore fumantes, en train d’interviewer une personne rescapée de tous ces massacres. Cette dernière, ainsi que celles et ceux qui sont rassemblés autour d’eux, est armée. En parlant et en expliquant ce qu’ils ont vécu, tous montrent à la caméra des choses sensibles, des maisons détruites, pillées, de nombreuses traces de sang, ou bien les cadavres de leurs amis ou de leurs familles, gisant dans les rues ou dans des voitures et qui n’ont pas encore été évacués. Témoigner et parler leur fait du bien en soulageant leur colère pendant un petit moment. Le temps qu’une personne les écoute, leur donne la sensation de compatir avec eux en montrant aux yeux de tous l’horreur de la situation qu’ils ont vécue. La journaliste de TF1 pose des questions et Fabrice, grand reporter, filme tout ce qui l’entoure, sans distinctions, en essayant de rester le plus neutre possible, pour montrer au monde la réalité d’une attaque qualifiée de terroriste, par quasiment tous les États du monde. 

« Le choix des images sera fait, un peu plus tard lors du montage du sujet pour montrer sans trop heurter les spectateurs qui seront devant leur poste pour le journal de 20 heures. Dans un endroit comme ce kibboutz, il faut afficher la violence de l’attaque en filmant des maisons endommagées, pillées par les attaquants, les rues en désordre, avec les véhicules immobilisés au milieu des rues, laissant entendre que l’attaque n’était pas attendue. Les victimes ont été surprises dans leur activité habituelle et quotidienne. Il peut éventuellement y avoir des traces de sang, mais il faut éviter de montrer les charniers ou les corps qui sont encore présents autour de nous. Impossible de s’apitoyer sur le sort de ces pauvres gens qui ont vécu l’enfer. Mes sentiments, doivent passer au second plan, et je me concentre sur les images que je dois ramener. Toutes ces sensations fortes ou toutes ces impressions ressortiront plus tard, autour d’un verre ou pire, pendant la nuit…»

Départ de la permanence

C’est dur d’être propulsé là, équipés de casques et de gilets pare-balles alors que l’on se sent étranger à ce qui se passe. La veille, chaque membre de l’équipe vaquait à ses occupations à Paris, sans se douter que quelques heures plus tard, ils seraient plongés au coeur de l’actualité mondiale. L’attaque a eu lieu vers 7h30 heure locale, soit 5h30 à Paris et l’équipe de permanence à décollé quasiment deux heures plus tard.

«  On est passé prendre des équipement de guerre au magasin de TF1, puis nous nous sommes retrouvés dans un avion. On découvre l’ampleur et la gravité de l’affaire, au fur et à mesure de l’avancée du vol. Les informations tombent au compte goutte sur nos téléphones et pour finir, les correspondants en Israël envoient des personnes nous récupérer à l’arrivée qui nous donnent encore d’autres infos. Puis c’est le briefing et chacun cherche les angles de reportage que nous allons proposer pour les différentes éditions du journal de TF1 ou de LCI »

Bien entendu, il faut se rendre sur place au plus tôt, pour se rendre compte et commencer à filmer rapidement. La concurrence entre chaînes fait aussi partie de la pression qu’ont ces journalistes de terrain. Mais, cela n’enlève rien à l’horreur de la situation et il faut faire face, quoiqu’il arrive. Ce jour-là, l’équipe a eu de la chance, car ils ont croisé des militaires Israéliens qui recherchaient des Palestiniens armés, encore présents dans ce kibboutz. Ils auraient pu être pris pour cible, par les terroristes… L’armée Israélienne, les fait dégager au plus vite…

Une fois en sécurité, c’est la séance de visionnage des images, pendant que la journaliste finit de glaner d’autres infos, avant le montage du sujet sur un PC portable réalisé par le monteur. Choix des témoignages, choix des images, puis enregistrement du commentaire de la journaliste, avant d’envoyer le tout à Paris.

« Nous pouvons communiquer avec la régie de TF1 depuis presque n’importe quel point du globe grâce au matériel « Aviwest » que nous avons emmené avec nous. L’Aviwest c’est un système de transmission par les réseaux téléphoniques qui tient dans un sac à dos et, qui comprend 4 ou 5  cartes SIM pour envoyer les reportages, les images en direct en utilisant une adresse IP. C’est comme un  gros téléphone portable, qui capte tous les réseaux à proximité et qui choisit le meilleur pour transférer les images en continu. »

Une fois, l’envoi terminé, c’est la recherche d’un autre sujet, d’un autre témoignage qui commence. L’équipe va même être confrontée à une attaque aérienne en plein interview. Vite il faut se rendre aux abris antiaériens pendant l’alerte, attendre et repartir finir le sujet, ou se rendre sur les lieux d’explosions, suivant les cas. 

Partis au départ pour 3 semaines, Fabrice et l’équipe ne vont rester que douze jours sur place. Ils sont en permanence en contact avec la rédaction des différents journaux télévisés (13 h, 20 h, LCI). C’est les rédacteurs en chef de ces éditions qui décident en fonction de leurs besoins du nombre de journalistes présents pendant l’évènement. Ce sont eux aussi qui valident les propositions de sujets de l’équipe ou qui demandent et négocient les éventuels interviews d’hommes politiques dans le pays. 

Une fois rentré à Paris, après deux ou trois jours de repos, Fabrice pourra se retrouver au sud de la France, à Londres ou à l’Elysée pour filmer d’autres sujets, d’autres interviews pour les journaux du groupe de la première chaine européenne… 

Entrer par la petite porte et gravir les échelons
 

Fabrice est entré à TF1 en 1992 en travaillant pour une société extérieure qui louait à la chaîne, des équipes techniques pour les différents exigences des services. Il commence par un stage d’éclairagiste sur le plateau 107 à Paris en travaillant sur des émissions telles que : Tournez-manège avec Évelyne Dhéliat ou encore Géopardy présenté par Philippe Risoli. Puis au bout de 6 mois à apprendre ce métier bien plus complexe qu’il n’y paraît, il se retrouve au magasin là où TF1 distribuait le matériel aux reporters en partance. 

« On leur distribuait caméras, projecteurs et matériels son que nous avions éventuellement réparés afin que tout soit toujours fonctionnel. Un jour, il manque un éclairagiste pour se rendre en urgence au Grand Palais, afin d’éclairer des grands tableaux de Maîtres pour un sujet. Ayant travaillé 6 mois sur les plateaux, je sais comment éclairer ce genre de séquence et j’accepte de remplacer le gars au pied levé. Tout se passe bien. Le week-end suivant, le service reportage me demande de partir dans l’heure au circuit du Castelet, près de Marseille, pour un reportage sur la nouvelle formule 1 « Ligier » d’Alain Prost… 

Pour faire des images, je dois rouler à la hauteur d’Alain Prost sur le circuit, pendant que le journaliste reporter d’images se concentre sur son cadre. C’était fantastique et en même temps très compliqué, car le pilote roule vite, très vite !

Après trois jours passés dans le midi où tout était une découverte pour moi, j’ai trouvé ce métier de reporter génial, et je savais que je voulais faire ça ! »

Arrivée au service des reportages

Fabrice entre donc au service reportage de TF1, comme assistant par l’intermédiaire de la société Top News Télévision qui propose des techniciens pigistes au planning de ce service. Dans les années 90, les équipes de reportage étaient constituées de quatre personnes, un assistant, un preneur de son, un journaliste reporter d’image et un ou une journaliste. Fabrice va travailler une dizaine d’années dans ce service, comme assistant, chauffeur éclairagiste. Il est très souvent en déplacement, en France ou à l’étranger. Il crapahute sur tous les continents, au grès de l’actualité qui s’y déroule. Les reportages sont diffusés dans les journaux du 13h et du 20 h de TF1 et en continue sur LCI. Pour quelqu’un qui n’avait jamais voyagé et fait faire un passeport pour « entrer » dans le service, Fabrice passe une partie de ses journée sur les routes, dans les trains ou les avions et fait des rencontres extraordinaires avec des gens connus ou inconnus…

Il à l’impression d’être un peu en avance par rapport aux autres personnes de sa famille ou des ses amis, car étant au coeur de l’actualité, il voit des évènements de près, voire de très près et sait certaines choses avant tout le monde. A cette époque les réseaux sociaux n’existaient pas et les infos mettaient parfois du temps avant d’arriver chez monsieur tout le monde. Ce n’est pas comme aujourd’hui, ou tout se sait en moins d’une heure… Les gens n’étaient informés que par les journaux télévisés, la presse écrite et la radio.

Dans ce métier très varié, on peut manger à l’Élysée et se retrouver avec des SDF sous le pont de l’Alma le lendemain matin… Il faut donc être capable de s’adapter à toutes situations, savoir travailler en costume ou être en jean, en saharienne ou équipé d’un gilet pare-balles. Discuter avec un comédien, un artiste, un ministre, croiser le président de la République ou se retrouver chez un artisan ou un fermier au fin fond de la Creuse… Il y a aussi les manifestations qui sont de plus en plus violentes. A un moment donné, les équipes de télévision étaient devenus une cible pour les casseurs…

Les années passant, les technologies évoluent et les assistants éclairagistes disparaissent peu à peu du reportage. Alors Fabrice suit une formation pour devenir technicien du son, afin de ne pas être remercié.

En 1994 : Le Rwanda

Une fois au son, toujours en tant que Pigiste, Fabrice par au Rwanda trois semaines, pays d’Afrique en guerre civile entre deux ethnies. Là-bas en 1994, les Hutus font un véritable génocide sur les Tutsis. Ce conflit très violent fera entre 800 000 et 1 million de morts (principalement des Tutsis) en trois ou quatre mois, du 6 avril au 17 juillet 1994.

« J’avais la boule au ventre de partir pour la première fois en tant que preneur de son et, en plus, sur un véritable conflit. Tu connais un peu la situation par ce que tu as appris par la télé ou par des collègues qui y sont allés, mais en réalité, tu ne sais pas du tout ce que tu vas trouver sur place, d’autant plus qu’un de nos collègues avait été tué au Rwanda.

Je n’avais pas encore d’enfants à cette époque, mais j’avais pris la décision de me blinder le plus possible, car je savais qu’il y avait des massacres, que certains utilisaient des machettes et que peut-être je n’allais pas voir de très belles choses… En fait, sur le moment ça a été à peu près, mais le souvenir des horreurs vues sur place est remonté beaucoup plus tard… Et cela n’a pas été très facile à gérer ! »

Les paysages gigantesques et sublimes du Rwanda, renforcent le côté dramatique de la situation. Fabrice ne comprend pas vraiment cette guerre de territoire alors qu’il y a beaucoup d’espace… Il juge les nombreux massacres inutiles et inhumains. Mais il s’accroche et se débrouille chaque jour pour effectuer sa mission première, à savoir : trouver des chauffeurs qui l’emmèneront tous les soirs à l’agence Reuter et à CNN qui ont installé des moyens de diffusion satellite sur un lieu sécurisé, un peu à l’écart du conflit. Puis, pendant que le journaliste, le JRI et la monteuse travaillent sur les sujets, en tant qu’assistant, il doit se débrouiller pour trouver un hôtel pour le lendemain s’il y a déplacement, chercher de quoi manger, savoir taper à la bonne case afin de négocier des bidons d’essence pour les véhicules qui, par sécurité, doivent toujours avoir le plein, en cas de fuite précipitée…

C’est un métier où il faut être débrouillard et savoir quand sortir le bon nombre de billets de banque et surtout à quel moment…

Au retour, les reportages s’enchaînent toujours, mais le fait d’être parti sur un conflit et que la mission s’est bien déroulée, lui permet de rentrer dans le « club » très fermé des techniciens partant sur des lieux de guerres… Car au final, ils n’étaient pas aussi nombreux que cela…

Travailler pour le 13H de JP Pernaud

Encore quelques années et il n’y a plus d’assistants. Les équipes ne sont formées que de trois personnes. Fabrice travaille au son et enchaîne les reportages jours après jours.

« Il n’y a jamais de monotonie, car un jour je travaillais sur « un petit 13 heures » pour Jean-Pierre Pernaud, c’est-à-dire avec le petit menuisier au fin fond de son village, puis sur les marronniers, ces sujets qui reviennent tous les ans. Noël, les vacances, la rentrée scolaire, plein de petits trucs comme ça. De temps en temps, un voyage officiel avec la présidence de la République ou avec les services du Premier ministre m’entraîne au bout du monde. »

Puis Fabrice est embauché directement par la chaîne au service reportage. La technologie évolue sans cesse, et bientôt, les preneurs de son disparaîtront. Fabrice apprend le montage pour continuer à partir. Puis il travaille sur une régie « fly ». Une régie portable logée dans des « fly cases », des caisses anti-choc pour le matériel, prévues pour prendre l’avion, d’où le nom. Ce kit comprend une caméra, du son et des moyens de diffusion satellites pour faire des petits directs ou transmettre des images depuis n’importe quel point de la planète. Il faut apprendre à positionner la parabole et pointer les bons satellites.

Lors de cette période, Fabrice touche enfin une caméra et fait des directs quotidiens dans les différentes éditions de LCI et de TF1, toujours à la poursuite de l’actualité. 

Puis, il suit une formation de journaliste reporter d’image et travaille à LCI pendant plusieurs mois pour parfaire sa formation. 

Devenir Journaliste

«  Le travail est légèrement différent, car je suis intégré à la rédaction. Cela demande beaucoup plus d’investissement personnel, car ce côté journaliste prend le dessus. Je me sens plus impliqué dans les sujets et je peux poser des questions sur des sujets qui m’intéressent. Nous travaillons à deux et c’est un échange permanent entre nous pour voir l’angle des sujets, le choix des images, etc… Mais il reste aussi le côté technique dû à la caméra qui est très plaisant. Il faut faire des choix en appuyant sur le déclencheur à un certain moment, choisir ses valeurs de plans (gros plans, plans larges)… Avoir un sens artistique constamment en éveil pour réaliser de belles images en toutes circonstances. Et puis, le fait de filmer me donne la sensation de participer réellement à la télévision. La télévision est un média audio-visuel certes, mais le public regarde d’abord les images, sinon il écoute la radio. »

À TF1, au service reportage, une journée typique peut être pleine de surprises, bonnes ou mauvaises. Il y a trois opportunités :

La première, c'est d’être prévu sur un sujet, donc, en arrivant, les journalistes et les JRI se préparent et partent à l’heure fixée à l’avance pour tourner le sujet.

La deuxième est d’arriver sans avoir rien de prévu et attendre, dans une salle de repos, qu’un sujet tombe. Dès cet instant, une fois l’équipe constituée, les personnes s’en vont sur les lieux.

La troisième option est la permanence. Ce sont des horaires imposés, par exemple 7h / 14 h où il faut assister aux conférences de rédaction et de là partir sur les sujets brûlants qui tombent à la dernière minute. Un accident d’avion, la mort d’une personne importante, la maladie d’un président, des inondations, un attentat, etc… Et ce, quel que soit l’endroit où cela se déroule. Les JRI peuvent donc se retrouver dans Paris, n’importe où en France, en Europe ou dans le monde, plongés au coeur de l’actualité qui peut être très chaude. Quand ils sont en permanence, ils peuvent partir de chez eux, à Paris, le matin à 6h et peuvent se retrouver vers midi, dans un avion destination l’Afrique du Sud…

Attention aux chocs culturels, aux conditions météo. Les gens pensent souvent aux destinations de rêve, mais parfois, c’est dans le grand froid ou dans un pays en guerre, comme lors du départ de Fabrice en Israël.

Mais ces hommes et ces femmes sont des passionnés et adorent partir vers l’inconnu, pour rapporter ou témoigner de ce qu’ils ont vu. Ce qu’ils appréhendent tous, c’est de se retrouver sur des conflits ou des évènements meurtriers ou apocalyptiques, car en quelques heures, ils vont changer d’univers et être plongés dans le chaos et la réalité brutale de la guerre avec son lot de morts et d’injustices. Pour Fabrice, il n’y a pas que des mauvais souvenirs, il y a aussi des lieux magnifiques que ce métier lui a permis de découvrir.

« Un de mes meilleurs souvenirs, c’est mon voyage au Rwanda. Même si c’était sur une guerre civile, c’était mon premier grand voyage et cela marque. Et puis, pendant des conflits, l’équipe se resserre beaucoup, et parfois, pour évacuer le trop-plein, nous sommes pris de fous-rires et vivons des instants de grandes complicités. Il y a une telle tension autour de nous que toutes façades sociales disparaissent, et nous ne pouvons plus tricher. La peur, la fatigue, nous met à l’épreuve et ceux qui sont nos amis restent nos amis pour la vie, car nous avons partagé les mêmes horreurs. Dans le cas contraire, c’est pareil… 

Il m’arrive parfois l’été de retrouver des copains qui travaillaient à la télé et qui l’ont quittée depuis plus de 20 ans, et nous sommes toujours aussi proches, comme si nous nous étions quittés hier… »

Des tournages et des d'anecdotes

Il y a aussi les bons souvenirs, les anecdotes amusantes qui font partie intégrante de ce métier où la pression est énorme. Les équipes ont la chance de visiter le monde et de découvrir des lieux ou des coutumes rares et parfois uniques. Être JRI, ce n’est pas que du conflit et du chaos, c'est aussi des reportages beaucoup plus légers qui permettent de profiter des beautés de notre planète. Ou encore c’est se retrouver interrogé par des policiers au ministère de l'Intérieur, parce qu’ils ont travaillé sur une conférence de presse du FNLC en Corse…

C’est aussi se retrouver sans papiers, sur le tarmac de l’aéroport de Madrid, au pied d’un Airbus A 320 mis à disposition d’un premier ministre qui va en rencontrer un autre…

« Ce jour-là, nous avons été oubliés par les services des VO du PM (voyage officiel du Premier ministre), qui sont partis sans nous dans une résidence royale à Madrid. J’étais avec mon collègue monté sur le toit d’une voiture de service d’Air France, pour ouvrir la soute de l’avion dans laquelle se trouvaient des caisses de matériel… En costume cravate, c’est un peu compliqué, surtout lorsque l’on aperçoit le convoi officiel partir à toute vitesse, avec nos vestes et nos portefeuilles… Seuls, sans argent, et sans papiers, sans connaître notre destination, il faut faire cet interview… Mon collègue avait juste entendu un nom de lieu Madrilène dans l’avion et a demandé à un taxi de nous énumérer à haute voix quels étaient les bâtiments officiels pouvant recevoir un ministre étranger à Madrid. Une fois reconnu, ce lieu se trouvait à l’opposé de l’aéroport et nous sommes partis là-bas, jurant au chauffeur que nous étions argentés. En arrivant, mon collègue demande urgemment à une personne travaillant apparemment pour l’ambassade de France de payer le taxi. Il déclare que ce n’est pas son travail, le ton monte légèrement, mais après quelques péripéties, tout s’arrange et nous réalisons enfin le reportage avec les deux ministres européens. Pendant le déjeuner, nous apprenons que la personne que nous avions un peu bousculé n’était autre que l’Ambassadeur de France en personne…. »

Il y a quelques mois, Fabrice est parti avec l’avion présidentiel à Nouméa, en Nouvelle Calédonie, pour couvrir les évènements du mois de novembre 2024.

Les Kanaks se sont révoltés contre des décisions prises par le gouvernement de la métropole. Là-bas, une situation de crise très violente, avec des conditions de vie un peu difficiles. Fabrice arrive avec l’avion du Président, qui repart quelques heures plus tard, sans l’équipe. Après ce dernier vol, l’aéroport restera fermé plus d’un mois… 

L’équipe travaillera très tard, au milieu d’une foule déchaînée, suivant le Président lors de ses rencontres et ce, directement après les 24 heures de vol. Complètement soumis au décalage horaire et totalement épuisés ils s’endormiront dans le parc de la préfecture, à la belle étoile. 

Une fois sur place, c’est aussi compliqué, car il faut trouver de quoi se loger et de quoi manger, alors qu’il y a le couvre-feu. La gendarmerie et les militaires arrivés avant eux ont réservé toutes les voitures de location, tous les hôtels… C'est vraiment la misère, il faut appeler les contacts de chacun pour tenter de trouver des solutions. L’équipe de Michel Scott, arrivée elle aussi un peu avant, les aide et ils dénichent enfin une chambre d’hôtel qu’ils vont se partager à eux trois. 

« On a eu un coup de pot, car le propriétaire avait une glacière et un congélateur qui fonctionnaient quand il y avait du courant. Pendant une semaine, l’équipe se nourrira de plats Picard, achetés au magasin du coin qui avait été pillé… »

Nous tournions la journée à cause du couve-feu, sur les barrages, entre la police et les Kanaks. Par chance, nous n’avons été caillassé qu’une seule fois pendant ces quelques semaines. »

Un problème récurrent chez les grands reporters, c’est l’absence permanente.

Il n’est pas possible de prévoir des sorties en famille pour assister à des concerts ou autres, car souvent, un évènement les sollicite à l’improviste et il faut repartir. Une des solutions est d’être très présents quand ils ne travaillent pas afin de tenter de diminuer les dégâts occasionnés par cette non-présence quasi perpétuelle. Mais ce n’est pas toujours évident, et puis, comme le dit le vieil adage : « Les absents ont toujours tords… »

Témoigner de ce qui se passe dans le monde : Un sens à sa vie

Quoiqu’il en soit, Fabrice, grand reporter à TF1 a choisi de mettre son existence au service du témoignage de la vérité. Ce qui donne un sens à sa vie, c’est de partir là où son devoir l’appelle, avec sa caméra pour ramener des images qui permettront à des dizaines de personnes de se faire une idée sur les différents conflits, drames ou politiques du monde dans lequel nous vivons. Mais il n’y a pas que le chaos, il y a aussi l’aventure et ces JRI intrépides, en véritables professionnels de l’image, nous offrent aussi des points de vue originaux et artistiques sur les beautés de notre planète tout au long de leur parcours. Des images fabuleuses des îles, aller nager avec des dauphins, skier sur des montagnes presque désertes, vivre dans un gîte au fin fond de la Provence ou rencontrer un artisan fabriquant des sabots à l’ancienne dans sa petite boutique sont des sujets actuels de notre siècle. Toutes ces images fantastiques et révélatrices d’un certain savoir-faire, nous donnent l’impression d’une mise en valeur de notre patrimoine culturel intellectuel qui nous permet de comprendre notre histoire et d’appréhender celle qui se présente au quotidien devant nous. Jean-Pierre Pernaud disait : «  L’aventure est au coin de la rue, il suffit juste d’aller la chercher et de la suivre. »

Chercher l’aventure, voilà l‘objectif de ces hommes et de ces femmes qui vivent l’oeil accroché à une caméra pour nous dévoiler, parfois au risque de leur vie, des réalités que nous ne voyons pas toujours.

Merci à eux!

 

Philippe Vignon (tous droits réservés)

Avril 2025

Fabrice : Grand Reporter à TF1
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